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L'interdiction de la vente -Al Gharar– 2/2

 
Au nom d'Allah, le Tout Miséricordieux, le Très Miséricordieux.

D'après Abou Houreira (qu'Allah l'agrée) : Le Prophète (que la prière d'Allah et Son salut soient sur lui) a interdit la vente -Al Hasat- et la vente -Al Gharar-.
(Rapporté par Mouslim dans son Sahih n°1513)


عن أبي هريرة رضي الله عنه قال : نهى رسول الله صلّى الله عليه وسلّم عن بيع الحصاة وعن بيع الغرر
(رواه مسلم في صحيحه رقم ١٥١٣)


La définition de la vente -Al Gharar-

La vente -Al Gharar- désigne toute vente dans laquelle il y a une inconnue au niveau de la marchandise vendue, de son prix ou au niveau du délai de paiement.
('Omdatoul Qari Charh Sahih Al Boukhari de l'imam Al 'Ayni vol 11 p 376)

Le jugement de la vente -Al Gharar-

La vente -Al Gharar- constitue un péché et en plus de cela elle n'est pas valable.
(Charh Boulough Al Maram de Cheikh 'Otheimine vol 9 p 147)

L'imam Al Wazir Ibn Houbayra (mort en 560 du calendrier hégirien) a dit : « Les quatre imams sont en consensus sur le fait que la vente -Al Gharar- , comme par exemple la vente de l'animal qui s'est sauvé, la vente d'un oiseau qui vole dans le ciel, la vente du poisson dans l'eau (1), est nulle et non avenue (2) ».
(Ijma' Al A'ima Al Arba'a Wa Ikhtilfouhoum n°752 p 306)

(1) L'inconnue qui se trouve dans ces trois exemples de vente se situe dans le fait de savoir si le propriétaire de l'animal vendu va pouvoir remettre ou pas l'animal à l'acheteur.
C'est à dire que si un agneau s'est sauvé du troupeau d'un éleveur, il n'a pas le droit de le vendre car il n'y a aucune certitude que cet agneau soit retrouvé.

(2) C'est à dire que la vente n'est pas valable.
La propriété du bien n'est pas transférée du vendeur à l'acheteur et l'acheteur n'a pas à payer le vendeur.

La sagesse de l'interdiction de la vente -Al Gharar-

L'imam Nawawi (mort en 676 du calendrier hégirien) a dit : « L'interdiction de la vente -Al Gharar- est une des grandes bases du chapitre des ventes ».
(Charh Sahih Mouslim, hadith n°1513)

La vente -Al Gharar- a été interdite car elle entraine de nombreux méfaits.

Parmi eux, il y a le fait que ce type de vente pousse à la haine et à l'adversité entre les gens.
Elle entraine le fait de prendre l'argent d'autrui sans contrepartie ce qui est une forme d'injustice.
Enfin, c'est une forme de jeux de hasard qu'Allah a interdit dans son Livre.
(Voir Al Qawa'id An Nouraniya de Cheikh Al Islam Ibn Taymiya p 223, Charh Boulough Al Maram de Cheikh 'Otheimine vol 9 p 147 et 292)

Trois exemples de ventes -Al Gharar-

Comme cela a été mentionné dans la définition, l'inconnue dans la vente -Al Gharar- peut être dans la chose vendue, dans le prix de vente ou dans le délai de paiement.

Nous allons donc prendre un exemple contemporain pour chacun de ces trois éléments :

- L'inconnue dans l'objet vendu

Dans les fêtes foraines, il y a des stands qui proposent, en contrepartie d'une somme d'argent donnée, de faire tirer une balle aux enfants en direction de peluches ou de jouets et l'enfant peut repartir avec l'objet touché.
Ceci est interdit car il s'agit d'une vente dans laquelle l'objet vendu n'a pas été clairement défini.
L'enfant peut toucher un jouet cher comme il peut toucher un jouet qui n'a presque pas de valeur.
(Voir Charh Kitab Al Bouyou' Min 'Omdatil Fiqh de Cheikh 'Abdel Salam Ibn Barjess cours n°4 à 16m30)

- L'inconnue dans le prix de vente

Un vieil homme possède une maison qui, sur le marché, vaut normalement 300 000 euros.
Il propose de la vendre de la manière suivante : il faut donner 200 000 euros au moment de la conclusion de la vente puis verser 5000 euros chaque mois jusqu'au décès du vendeur.
Ceci est la vente en viager qui est pratiquée et connue à notre époque.
Cette vente rentre dans l'interdiction de la vente -Al Gharar- car le prix de vente n'est en réalité pas connu au moment de la vente.
Il est possible que le vendeur meurt le lendemain de la vente et ainsi l'acheteur sera gagnant comme il est possible que le vendeur vive encore des dizaines d'années et alors l'acheteur sera perdant.
(Voir Majmou' Al Fatawa de Cheikh Muhammed Ibn Ibrahim Al Cheikh vol 7 p 49/50)

- L'inconnue dans de le délai de paiement

Lors d'une vente, il est permis que le vendeur et l'acheteur se mettent d'accord sur le fait de retarder le paiement de la marchandise mais il faut que le paiement soit retardé jusqu'à un moment connu.
Ils peuvent par exemple se mettre d'accord sur le fait que le paiement ait lieu dans une semaine, au début du Ramadan etc...
Par contre, si le moment n'est pas connu, alors la vente est interdite.

L'imam Nawawi (mort en 676 du calendrier hégirien) a dit : « Les savants sont en consensus sur le fait qu'il n'est pas permis de faire une vente dans laquelle le paiement est retardé à un moment qui n'est pas connu ».
(Al Majmou' Charh Al Mouhadhab vol 9 p 412)

Ainsi, si je vends ma voiture à mon voisin en lui disant : - Pas de problème, tu me paieras plus tard - alors cette vente est interdite et n'est pas valable.
En effet, ceci est une forme de vente -Al Gharar- car le terme du délai de paiement n'est pas connu.
Si mon objectif est de faciliter les choses à mon voisin, je peux alors lui mettre un long délai afin qu'il ne soit pas dans la gêne.
Je lui dis par exemple : -Tu me payes dans un an- et alors la vente est valable.

Remarque : La permission de la vente dans laquelle l'inconnue est minime

Les savants sont en consensus sur le fait que la vente dans laquelle il y a une inconnue minime est valable.

Par exemple la vente des fruits qui sont dans leurs coquilles (les noix, les noisettes, les grenades etc...), des oeufs etc est permise bien que parfois on trouve une coquille vide ou un oeuf abîmé.

L'imam Ibn Rouchd (mort en 595 du calendrier hégirien) a dit : « De manière générale, les savants sont en consensus sur le fait qu'il n'est pas permis qu'il y ait une grande inconnue dans ce qui est vendu et ils sont également en consensus sur le fait qu'il est permis qu'il y ait une inconnue minime ».
(Bidayatoul Moujtahid vol 3 p 1210)

L'imam Nawawi (mort en 676 du calendrier hégirien) a dit : « Les savants sont en consensus sur la permission de la vente dans laquelle il y a une inconnue minime comme par exemple le fait de faire payer l'utilisation du hammam alors que les gens n'utilisent pas tous la même quantité d'eau, comme le fait de faire payer une personne pour lui permettre de boire dans un récipient sachant que la quantité bue n'est pas connue précisément ».
(Charh Sahih Mouslim, hadith n°1513)

Par exemple, à notre époque, nous pouvons illustrer cela avec le fait de manger dans un restaurant pour lequel on paye l'accès à un buffet à volonté.
Il y a un élément inconnu qui est la quantité que va manger la personne mais cet inconnu est minime car la quantité mangée ne diffère que très peu d'une personne à une autre.
Ainsi, il est permis de manger dans un restaurant dans lequel on paye le buffet à volonté.
(Voir Al Kanz Al Thamin Min Fatawa Ibn 'Otheimine 140 p 121)
 




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